Le 18 February 2020

Brasserie Dépareillée : du panache pour le coq et l’âne.

Il fait beau à Yamachiche.

Aux 4 coins du village, un ancien garage municipal abrite aujourd’hui une frénésie houblonnée qui extrapole la fierté dans le village : la Brasserie Dépareillée.

Raph, fringant, m’ouvre.

La microbrasserie : le projet.

De l’extérieur, 4 murs de tôle. De l’intérieur, une aura effervescente d’extase nous gagne dès que nous mettons le pied dans le salon de dégustation.

Étoiles dans les yeux, Raphaël m’offre un verre. Il me parle de son compatriote Martin. Des employés qui font partie de la famille, de la naissance de la microbrasserie, des projets réalisés, du quotidien qui roule à vitesse grand V.

Hommes du milieu des arts, restaurateurs d’expérience, passionnés tout court, Martin et Raph, les co-fondateurs de la Brasserie Dépareillée, ont travaillé d’arrache pied pendant plusieurs mois pour ouvrir ce qui allait s’avérer une fierté locale, et, ultimement, une saine jalousie provinciale. Tout ça, dans un village qui leur était jusqu’alors inconnu.

« Je viens de Québec, Martin de Coaticook. On a adopté Yamachiche instantanément. Au-delà de l’emplacement idéal du garage, la fierté des gens d’ici pour leurs entreprises locales est contagieuse. Ça sent le serrage de coudes, et c’est dans un terreau fertile de valeurs comme Yamachiche qu’on voulait enraciner notre projet de microbrasserie. »

Le 15 décembre 2017, forte de 6 bières différentes en stock, la Brasserie Dépareillée ouvre officiellement ses portes.

Dépareillée : tremplin de découvertes.

Tantôt point de chute, tantôt point de ravitaillement, Dépareillée s’est rapidement démarquée par l’originalité de ses bières. Ici, des conventions, il n’y en a pas : on brasse ce qu’on veut, quand on veut. En résultent des bières dépareillées, mais hybrides. Des bières qui ouvrent les horizons du buveur conservateur, et qui charment le nomade houblonné à la recherche de sensations gustatives.

« Ici, y’en a pas de problème. On saute du coq à l’âne : on brasse ce qu’on veut, quand on veut. »

Porter au caramel salé, bières limonade, stout aux piments apache, IPA de toutes sortes, bières aux fraises : chaque brassin semble tout droit sorti d’un remue-méninge particulièrement houblonné. Les noms qui en résultent le sont tout autant : Caramel moué l’chest, Fuck all, Gros yéti d’course, Oh! Ma chérie, La fois qu’sé.

« On a du gros fun à marchandiser nos bières. On leur donne de la personnalité, on travaille avec la bouteille de vitre comme l’industrie du vin, on fait découvrir et apprécier l’art brassicole. Ce qu’on fait, c’est un plaisir, et ça le restera toujours. »

L’importance de l’achat local.

Chez Dépareillée, on fait tout : de l’idéation des produits à la livraison finale en passant par le brassage, l’embouteillage et le marchandisage. On se fait un point d’honneur de toujours privilégier les partenariats locaux. Maraîchers, distillateurs, artisans de l’industrie agroalimentaire locale sont au coeur des recettes et des brassins proposés par la microbrasserie.

« On s’est installé ici avec l’intention de rester : on croit en Yamachiche, on croit en notre région, en la richesse des producteurs d’ici. On prône la qualité, pas la quantité, et on veut être sur les bonnes tablettes pour les bonnes raisons. On ne perdra jamais ça de vue. »

« On fait les choses parce qu’on a envie de les faire. »

L’une des principales fierté de Raph?

« Quand des gens qui habitaient ici avant et qui reviennent voir leur famille arrêtent chez nous pour ramener Dépareillée dans leur nouveau coin de pays. On s’est invité dans le coeur des maisons et nos clients sont devenus nos ambassadeurs. C’est le plus beau  cadeau qu’on pouvait espérer. »

Une force pour La Route des Brasseurs de la Mauricie

Impliqué sur plusieurs fronts, Raph est l’un des artisans derrière la création et le succès de La Route. Un projet nécessaire qui, pour lui, colle naturellement à la peau de la Mauricie.

« Plusieurs l’ignorent, mais la Mauricie est reconnue à l’internationale pour son savoir-faire brassicole. Ensemble, on est plus fort et c’est ce qui enracine toute l’importance d’un projet comme La Route : on s’impose comme une destination brassicole de choix. »

Raph se lève, ramasse nos verres avant de me serrer la main. La poignée contagieuse, le regard ambitieux.

Je quitte la Brasserie Dépareillée avec mon Caddy, un peu de provisions liquides, des sous-verres.

Je quitte Dépareillée heureux.

Heureux de voir que ce genre d’initiative prend vie dans mon coin de pays. Que des gens qui viennent d’ailleurs comme Raph et Martin s’installent ici parce qu’ils croient en la Mauricie.

En fait, je ne quitte pas Dépareillée.

Je la ramène chez moi.

« Grâce à La Route, on est grand. »

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